Sartre
Auteur prolifique, Jean-Paul Sartre laisse derrière lui une œuvre considérable, sous forme de romans, d'essais, de pièces de théâtre, d'écrits philosophiques ou de biographies. Sa philosophie a marqué l'après-guerre, et il reste, avec Albert Camus un symbole, un des types de l'intellectuel engagé. De son engagement dans la résistance en 1941 (engagement mis en doute en raison de son attitude trouble durant l'Occupation[2]), jusqu'à sa mort, en 1980, Sartre n'a cessé de défrayer la chronique. Il fut en effet de tous les combats, pleinement et totalement engagé dans son époque, embrassant avec ferveur toutes les causes qui lui ont semblé justes. Sorte de Voltaire[3] du XXe siècle, Sartre aura milité inlassablement, jusqu'au bout de sa vie. Selon de nombreux commentateurs et pour Sartre lui-même, sa vie est séparée en deux par la seconde guerre mondiale. On distingue alors deux grandes périodes dans l'œuvre sartrienne : une approche philosophique théorique axée sur l'ontologie de L'être et le néant (1943) ; puis une période plus pratique, où l'auteur cherche à appliquer sa méthode exposée dans la Critique de la raison dialectique (1960)[4]. Cette seconde période de son œuvre a fortement influencé les sociologues qualitativistes comme Erving Goffman.
Jeunesse et engagement
Enfance
Jean-Paul-Charles-Aymard Sartre naît le 21 juin 1905, à Paris ; fils unique, il provient d’une famille bourgeoise : son oncle est polytechnicien, et son père un militaire, sa mère descend d’une famille d’intellectuels et de professeurs alsaciens, les Schweitzer – sa mère est la cousine d'Albert Schweitzer[5]. Le petit Sartre ne connaîtra pas son père, qui meurt de la fièvre jaune quinze mois après sa naissance.L’image du père est pourtant là : c’est son grand-père, Charles Schweitzer, homme à la personnalité imposante, qui l’éduque avant qu’il n'entre à l’école publique à dix ans. De 1907 à 1917, le petit « Poulou », comme on l’appelle, va donc vivre avec sa mère chez