Schopenhauer et connaissance de soi
Avant d’y parvenir, il est en effet sans caractère empirique, et bien qu’il doive au total rester fidèle à lui-même et suivre sa voie, il sera tiraillé par son démon; il ne décriera donc pas une ligne droite, mais une ligne tremblante, inégale ; il va hésiter, dévier, revenir en arrière, ressentir du repentir et de la souffrance : tout cela parce qu’il voit sous ses yeux, en petit et en gros, tant de choses qui sont possibles à l’homme et qu’il peut atteindre, et que pourtant il ignore cela seul qu’il peut réaliser, voire même cela seul qu’il peut le satisfaire. C’est pourquoi il en jalousera plus d’un pour une situation et des conditions qui sont pourtant adaptées uniquement au caractère de celui-ci, et non au sien, et dans lesquelles il se sentirait malheureux, qu’il serait même probablement incapable de supporter. En effet, de même que le poisson ne se sent bien que dans l’eau, …afficher plus de contenu…
Celui-ci n’est donc rien d’autre qu’une connaissance aussi parfaite que possible de sa propre individualité ; c’est le savoir abstrait, et par conséquent immuables de son propre caractère empirique ainsi que de la mesure et de l’orientation de ses forces spirituelles et corporelles, donc de l’ensemble des forces et des faiblesses de l’individualité personnelle.[…] et nous nous épargnerons ainsi bien des souffrances. […] l’homme entier n’est que la manifestation de sa volonté ; rien, par conséquent, ne saurait être pire que de partir de la réflexion pour vouloir être quelque chose d’autre que ce qu’on est : car c’est une contradiction immédiate de la volonté avec elle-même.