Science politique
A
LA RECHERCHE DU REGIME CHANGE
par
François NICOULLAUD (*) A l’automne 2007, la relation troublée entre les Etats-Unis et l’Iran se dirigeait vers un nouveau moment paroxystique de son histoire. Washington bruissait de rumeurs de frappes aériennes sur l’Iran. Le sentiment se répandait que les néo-conservateurs ne résisteraient pas à la tentation de sceller d’un geste théâtral les huit années de la présidence de George W. Bush. On se disait que, si on ne trouvait pas d’ici à la fin de l’année 2007 une solution à la crise du nucléaire iranien, une frappe sur l’Iran pourrait prendre place, soit au printemps 2008, avant que la campagne présidentielle américaine ne monte en puissance, soit encore à l’automne entre l’élection et l’entrée en fonction du nouveau Président des Etats-Unis, qui donnerait alors son nihil obstat à l’opération que pourrait lancer son prédécesseur. La publication, le 3 décembre 2007, des conclusions du dernier rapport d’évaluation de la communauté américaine du renseignement sur le nucléaire iranien (1) vient changer brusquement la donne. Infléchissant fortement les conclusions des précédents rapports, qui présumaient de la poursuite par Téhéran d’un programme nucléaire militaire clandestin, le document affirme en effet «avec un haut degré de confiance, que, à l’automne 2003, Téhéran a arrêté son programme de fabrication d’armes nucléaires». Plus dérangeant encore pour les néo-conservateurs, il avance que «les décisions de Téhéran sont guidées par une approche en termes de coûts et d’avantages, plutôt que par une course à la possession de l’arme nucléaire indépendamment de ses coûts politiques, économiques et militaires». C’est laisser clairement entendre que la crise du nucléaire iranien pourrait trouver une solution par la voie de la raison. On sait que les «faucons» de l’administration américaine ont tenté pendant plusieurs semaines d’empêcher la sortie de ce rapport. Sa mise au grand jour marque donc une