Segalen le roman intro plan
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A la faveur de la crise de foi qui frappe la société française en 1905 lorsque l'Etat se sépare de l'Eglise, Victor Segalen en profite cinq ans plus tard – par le biais d'une introduction empreinte de lexique religieux – pour exprimer ses réserves et ses doutes sur le « nécessaire triomphe du Roman ». Littérature et société ont toujours été, comme on le sait, liées de façon intime, l'emprunt lexical de l'auteur n'est donc pas anodin. L'extrait présenté ici est tiré de Sur une forme nouvelle du roman ou un nouveau contenu de l'essai, titre suggérant à la fois la critique du genre romanesque contemporain à l'auteur et la proposition de sa transformation. Victor Segalen ne peut « croire » au caractère obligatoire du « triomphe » du genre romanesque : le terme « triomphe » ici utilisé invoque une thématique forte puisqu'il s'agit à l'origine de l'élévation d'un homme au-dessus des autres dans la Rome Antique. Malgré ce manque de foi, ce « triomphe » semble déjà amorcé puisqu'il l'évoque ici, bien qu'il émette un doute sur sa réalisation effective dans l'avenir. M. Segalen formule plusieurs critiques sur le genre romanesque ; « sa formule est grossière », c'est à dire que d'un point de vue générique, il n'est pas stable et que les cadres romanesques sont variables. La seconde remarque porte sur la « transsubstantiation médiocre » du roman qui serait donc incapable d'incarner et de rendre convenablement la matière qu'il traite ; l'auteur ajoute à cela que le roman doit « aligner toute une série de causes et d'effets », il y a donc là aussi une critique sur la substance même du roman. La dernière critique porte sur le roman qui ne serait « pas réversible », c'est à dire qu'il serait incapable de réfléchir sur lui-même. Suite à ces réserves, l'auteur propose des pistes d'amélioration pour le genre romanesque à travers une personnification du roman qui « réclame » deux choses : « se développer » (et donc évoluer vers quelque chose de différent) et « du temps » (c'est à