Sganarelle
Catalinón chez Tirso de Molina Sganarelle chez Thomas Corneille Philipin chez Villiers Briguelle chez Dorimon Carille chez Rosimond Jacomo chez Shadwell Passarino et Fichetto chez Cicognini Leporello chez Mozart/da Ponte
Il est présent dans vingt-six scènes sur vingt-sept. Il est, sur le plan théâtral un personnage burlesque, grotesque, ridicule. Son nom, inventé par Molière (semble-t-il d'après l’italien sgannare, dessiller, ouvrir les yeux), est né dans une farce et il est le personnage principal de cinq pièces de ce genre (Le Médecin volant, Le Cocu imaginaire, L'École des maris, Le Mariage forcé, L'Amour médecin ou Le Médecin malgré lui). Or ce nom est important car, si celui de Don Juan est stable (du moins en ce qui concerne ces deux vocables), la désignation du valet change et est donc révélatrice : presque féminin chez Tirso, il évoque le lièvre chez da Ponte. Néanmoins si ce nom suggère la farce, Sganarelle est également le défenseur de certaines idées et des positions morales, sociales et religieuses bafouées par Don Juan.
1 — Le défenseur de la religion, de la morale et de la société a — Un croyant superstitieux Il ne pense guère la religion qu'en termes de récompense et de châtiment. Il est toujours question dans ses paroles du Ciel et de l'Enfer : il dit sans cesse que le premier doit châtier Don Juan en l'envoyant dans le second, ce qui finalement se produit. Il n'évoque jamais Dieu ou le Christ. Il partage les superstitions de son époque : le loup-garou (I, 1), le moine bourru (un lutin malfaisant et vêtu de bure censé courir dans les rues en hurlant pendant l'Avent). Il semble mettre d'ailleurs celui-ci au-dessus du Ciel et de l’Enfer : « Et voilà ce que je ne puis souffrir ; car il n'y a rien de plus vrai que le Moine bourru, et je me ferai pendre pour celui-là. » (III, 1) Il est remarquable que, pour lui, la religion et la superstition soient indissociables. b — Un moraliste peu conséquent Sganarelle défend la morale qui veut