Silence et lumière
En commençant par ce que l'on pourrait appeler une anecdote, la référence à la feuille blanche et au dessin fait sourire. C'est une sensation que nombreux apparenteront à une torture de l'esprit et c'est, il me semble, la peur de chaque élève lorsqu'un projet lui ai soumis. Pour en revenir au texte, lumière et musique sont deux choses auxquelles Kahn ne renoncera jamais. On ne peut s'en passer. Elles sont indissociables. Les sensations qu'elles génèrent résultent de l'alchimie produite entre les matériaux utilisés, les formes, les couleurs, les ouvertures, et les usages de chaque pièce. Parfois inqualifiable, cette osmose entre ces différents paramètres nous pousse à inventer des mots. Ainsi, Kahn écrit «Le silence ce n'est pas très, très calme. C'est quelque chose qu'on peut dire non lumineux ; non obscur ». Il qualifie même le silence par l'expression « quelque chose ». Non lumineux, non obscur et quelque chose véhicule cette idée d'inqualifiable et met en évidence les limites du langage. On invente des mots pour palier au fait que le langage ne nous paraît pas toujours assez fiable pour définir ce que l'on désir désigner. Cette lumière et ce silence si chers à Kahn sont présents dans chacun des endroits que nous visitons selon moi. Entrer dans telle ou telle pièce donne toujours une impression qui, en revanche, n'est pas toujours facile à exprimer. Nous avons tous dit un jour « Cette pièce est froide » sans qu'il y ait un quelconque problème avec le thermostat. La lumière qui s'empare d'une pièce en recouvrant les murs de cette dernière confère une chaleur, une ambiance. Le grain du crépit ou la technique d'application de la peinture participe à ce phénomène. Prenons une même pièce, quatre mur, un sol, un plafond, une fenêtre. Peinte en blanc ou enduite d'un crépit blanc avec des aspérités dues au sable, cette pièce ne donnera pas la même sensation à l'habitant. La lumière se diffusera différemment dans les deux cas selon que les