Sonnet à caliste, de malherbe
Sonnet à Caliste
Il n'est rien de si beau comme Caliste est belle :
C'est une oeuvre où Nature a fait tous ses efforts,
Et notre âge est ingrat qui voit tant de trésors,
S'il n'élève à sa gloire une marque éternelle.
La clarté de son teint n'est pas chose mortelle :
Le baume est dans sa bouche et les roses dehors
Sa parole et sa voix ressuscitent les morts,
Et l'art n'égale point sa douceur naturelle.
La blancheur de sa gorge éblouit les regards ;
Amour est en ses yeux, il y trempe ses dards,
Et la fait reconnaître un miracle invisible.
En ce nombre infini de grâces et d'appas,
Qu'en dis-tu ma raison ? crois-tu qu'il soit possible
D'avoir du jugement, et ne l'adorer pas ?
Portrait d'une jeune femme au collier de perles
Huile sur panneau signée Honthorst et datée 1644.
Gerrit Van Honthorst
Né en 1590, Mort en 1656
Ecole Hollandaise XVIIe siècle
François de Malherbe (1555-1628), poète de cour officiel de Henri IV, a, selon les mots de Boileau "réduit la Muse aux règles du devoir". C'est dire que ce poète a le souci de la clarté, de la régularité toute classique et est donc considéré comme le chef de file du courant classique. Dans son recueil Les Délices de la poésie française, on trouve Un sonnet à Caliste (1620) composé en l'honneur de la vicomtesse d'Auchy avec qui il a eu une liaison malheureuse. Ce poème, bien que né d'une expérience personnelle, est le modèle même de l'idéal classique fait de mesure et de raison. On verra comment Malherbe dans cet éloge proche du blason conserve une retenue qui ressemble plus à un exercice de style impersonnel et à une célébration du concept de beauté classique qu'à un cri d'amour spontané.
I) L'éloge traditionnel de la beauté sous forme de blason
A) Un idéal esthétique: la beauté
- Le vocabulaire de la beauté est omniprésent : "beau ... belle" (v.1), "grâces ...appas" (v.12)
- Il est associé au lexique de l'admiration et du compliment : "tant de