Le classicisme est un courant esthétique et intellectuel visant à promouvoir le retour à l'Antiquité classique. Pendant le Moyen-Age et surtout à la Renaissance, on n'a cessé d'admirer le génie des Anciens. Les écrivains classiques, à leur tour, s'en inspirent, pensant que les grands auteurs de l'Antiquité avaient atteint la perfection.
Molière, célèbre dramaturge du XVI ème siècle, remporte à cette époque de nombreux succès en tant qu'acteur, auteur et directeur de troupe. Il publie en 1668 « Amphitryon », largement inspiré de la pièce de Plaute. Pièce comique en trois actes et en vers, faisant partie des pièces à machines, cette œuvre met en scène une anecdote de la mythologie gréco-latine pour caricaturer la frivolité des amours, s'interroger sur les liens entre l'identité et l'apparence et surtout montrer que le désir de croire est une force plus puissante que n'importe quelle illusion.
La scène d'exposition dont est tiré cet extrait présente une forme particulièrement originale non seulement en raison de sa forme monologale comme nous l'avons vu précédemment mais également parce qu'elle est le fait d'un simple valet, personnage que nous allons plus précisément étudier dans cette deuxième partie. La première caractéristique du valet est son nom : Sosie. Ce nom provient de la mythologie : pour séduire la mortelle Alcème, Zeus prend les traits de son mari Amphitryon. Pendant ce temps, l'esclave de la maison voit apparaître devant lui un autre Sosie : il s'agit de Mercure qui a pris son apparence. Dans la scène étudiée, le dédoublement de Sosie, mis notamment en évidence par les commentaires indiqués entre parenthèses, nous laisse entrevoir le rôle essentiel de ce procédé, d'où naîtra l'emploi commun aujourd'hui du mot « sosie ». Il s'agit là d'un