Soumission conventionnelle au statut des baux commerciaux et ordre public
Recueil Dalloz 2003 p. 333|
Soumission conventionnelle au statut des baux commerciaux et ordre public
Solange Becqué-Ickowicz, Docteur en droit, Université Paris II, Panthéon-Assas
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1 - La soumission conventionnelle au statut des baux commerciaux empêche-t-elle les parties de déroger aux règles impératives du statut relatives à la forme du congé ? Telle est la question posée dans l'arrêt d'Assemblée plénière du 17 mai 2002(1).
Une société avait vendu des appartements dans un immeuble à destination hôtelière, chaque acquéreur s'engageant à louer ce bien à cette même société. Le contrat de bail visait les dispositions du décret n° 53-960 du 30 septembre 1953, mais une clause spécifiait la possibilité de s'opposer à la tacite reconduction par lettre recommandée, contrairement à l'art. 5, al. 5, du décret, devenu l'art. L. 145-9, al. 5, c. com., qui exige une forme extrajudiciaire pour le congé. Ultérieurement, le preneur informa les bailleurs par lettre qu'il ne renouvellerait pas le bail à sa date d'expiration. Ces derniers contestèrent alors la régularité formelle du congé, mais la cour d'appel, statuant sur renvoi après une précédente cassation, rejeta leur demande, aux motifs que, « dès lors qu'on se trouve dans un cas d'application conventionnelle du statut, la notion d'ordre public n'intervient pas, que la volonté des parties telle qu'elle est exprimée dans la convention doit s'appliquer et que la règle du décret imposant à peine de nullité que le congé soit donné par acte extrajudiciaire n'a pas à s'appliquer, les clauses du bail en disposant autrement ». Mais l'Assemblée plénière, le 17 mai 2002, casse cet arrêt, au visa de l'art. L. 145-9, al. 5, c. com., considérant qu'« en cas de soumission conventionnelle au décret du 30 septembre 1953 relatif au bail commercial, sont nulles les clauses contraires aux dispositions impératives du texte susvisé relatives à la forme du congé ».
2 - Ainsi, pour