Soy cuba, la caméra de la révolution
En 1959, le régime du dictateur cubain Batista est renversé par la révolution castriste. S’ensuit alors une série de réformes procédant à la nationalisation des propriétés. Les Etats-Unis, loin d’être favorables à de telles mesures lancent un embargo sur l’île de Cuba. La tentative de débarquement de la Baie des Cochons en 1961 confirme l’attitude hostile du géant américain envers la petite île des Caraïbes. De ce fait, Castro se tourne naturellement vers l’autre grande puissance économique du moment: l’Union Soviétique avec qui il s’associe définitivement.
Economiste engagé, Kalatozov est invité à Cuba en 61 pour réaliser le premier film issu d’une collaboration russo-cubaine qui sera connu plus tard sous le nom de Soy Cuba. Cette association entre le tout nouveau Institut Cubain de l’Art et de l’Industrie Cinématographique (ICAIC) et le très expérimenté «mammouth sibérien» Kalatozov doit donner naissance à un film vantant les mérites de la révolution cubaine. Le tournage débutera en 63 et s’achèvera 14 mois plus tard.
Mais c’est un accueil glacial que récolte ce film pourtant si prometteur. Le public cubain et le public russe se trouve choqué, voire scandalisé par le film; ce qui entraînera sa mise au placard, après seulement 1 semaine de diffusion. Ce n’est qu’en 1992 que le film réapparaîtra lors d’une rétrospective sur Kalatozov au festival de Telluride aux Etats-Unis. Puis diffusé au cinéma de San Francisco en 1993, il séduira Martin Scorcese et Francis Ford Coppola qui décideront d’apposer leurs signatures