« Les statistiques. Ca vous fait penser à des choses qu’on n’imaginerait jamais autrement », Keith Ridgway, un écrivain irlandais né en 1965, nous montre cette tension qui habite la notion de statistique : à la fois outil de grande précision qui analyse de manière scientifique des données numériques se rapportant à des phénomènes sociaux et des individus mais également un outil d’approche qui met en relief les irrégularités de nos sociétés telles que les discriminations ; les statistiques tentent d’apporter un angle de vue neutre sur des problèmes difficiles à formuler et notamment sur l’existence de groupes ethniques. « Ethnie » vient du grec ethnos qui désigne un groupe d’individus de même origine ou de situation identique : mais la définition perd de sa précision dans nos sociétés actuelles, et ce depuis son apparition dans les années 1930. Le terme de « race » se base lui sur des critères biologiques et morphologiques, totalement invalidés par la science, et n’est donc pas à confondre avec le terme d’ « ethnie », qui se fonde sur un socle commun de culture et d’ancêtres, même si aux Etats-Unis l’amalgame est fait. L’ « ethnie » est la base même de la construction identitaire par le processus d’auto-désignation. Depuis quelques décennies, les Etats tentent de déterminer la place d’un recensement ethnique pour favoriser une plus grande intégration de ses membres à la société. En France, la polémique est particulièrement vive depuis le rapport de Yazid Saberg de 2009. L’outil statistique doit-il subir des modifications et incorporer ce paramètre ethnique ? Mais surtout, dans quelle mesure peut-on recenser des individus appartenant à une ethnie quand le terme même de « groupe ethnique » fait débat ? Avant tout, il faut expliciter cette définition d’ « ethnie » et comprendre ses limites, on peut alors s’interroger sur les techniques et les outils de recensement ethnique. Ce recensement s’est implanté largement dans certains pays, comme les Etats-Unis mais en France,