Stop regarder l'écan
Pour qu’il y ait culture, il faut une hiérarchisation, une mise en ordre des savoirs. Les écrans sont le contraire de l’éducation, il n’y a aucun cheminement cohérent, c’est le désordre mental. Ils permettent la diffusion, non la constitution des savoirs. Les activités de réflexion supposent l’abstraction, donc, à un moment donné, l’absence d’images. La pensée prend du temps alors que l’écran fait vivre dans l’immédiateté.
Avec la télévision, l’image nous fixe et nous fige. Avec la radio, on peut continuer à bouger, à travailler, ce que l’image ne permet pas. Regarder la télé, c’est être immobilisé. La journée, c’est de plus en plus l’œil qui fait l’essentiel. Le corps est peu sollicité, assis au travail, assis dans les transports, assis devant la télévision. C’est un phénomène nouveau pour l’humanité dont on ne sait quelles seront les conséquences physiques et neurologiques. Mais imaginons un extraterrestre qui débarquerait sur terre et qui verrait le soir à 20 heures des millions de personnes assises devant une source lumineuse. Il dirait : « C’est comme dans une Eglise, nous sommes en présence d’un culte religieux. » Le terme de dépendance est imprécis, mais il capture l’essence d’un phénomène bien réel : le nombre d’heures que les gens passent à regarder la télévision est stupéfiant.
Tous les messages d’une émission télé ou d’un film sont retravaillés pour que la lecture soit le plus simple possible. Nous sommes face à un appauvrissement de la communication. Lorsque je regarde la télé, ma conscience devient alors celle des instants successifs qui défilent à l’écran, d’où cette capacité à vider l’esprit. Avec des électrodes, on peut mesurer les ondes électriques produites par le cerveau en activité. Quand il y a baisse d’activité cérébrale, on peut l’identifier grâce à l’émission d’ondes alpha. Or, quand on regarde la télé, on constate une baisse d’activité cérébrale. L’appareil lui-même nous met dans un