« En ce qui concerne le mouvement graff, les graffeurs sont des exclus qui usent du graff comme d’un artifice pour se conférer l’identité que la société leur refuse ». Le graffeur moderne est jeune de toute évidence, sans identité, il cherche son chemin dans la société qui jusque là le refuse. Cet argument n’est pas trop difficile à trouver, puisqu’en somme, le jeune ne fait rien d’autre que peindre sur les murs de la ville. La relation entre l’artiste et son œuvre se fait par la signature. Le graff semble être une signature plus élaborée [cf. méthodes/techniques des artistes II)1)] : signature d’une œuvre ? De l’espace ? De la vie en tant qu’œuvre d’art ? Il est ainsi préférable de voir l’art urbain comme un moyen d’expression et non comme un regroupement de jeunes désœuvrés dans les rues. De plus, un graffiti n’est jamais seul sur un mur, d’une part parce qu’il ne le restera pas très longtemps et d’autre part parce qu’il est d’emblée entrainé dans un réseau. A Pau, les graffs « 2035 », « YMPA », sont aussi bien présents dans les rues du centre ville, dans les bâtiments délabrés qu’à l’Université. L’œuvre et sa signature sont un pseudonyme « un blaze » qui donne à l’artiste une identité. Seulement cette identité n’a pas une portée universelle ; seuls une minorité, un groupement en connaissent la signification. Le pseudonyme n’est connu que par les autres graffeurs. Nicolas nous l’a confirmé. Le graffeur est « reconnu » par ses pairs, c’est-à-dire que chaque graff est assigné à un auteur. Le tag et le graff c’est « se faire connaître », « se faire reconnaître ». En d’autres termes c’est être pour le paraître. Il s’agit de donner de la valeur à des productions urbaines, en particulier le graffiti dont l’œuvre imposante suscite forcement des