Stress
Stéphanie Benz et Isabelle Hennebelle - 25/09/2008 00:00 - L'Expansion
©Jérôme Chatin
34 % des salariés se disent stressés par leur job, selon le ministère du Travail.
Harcèlement, stress, dépression... Enquête sur les mécanismes de la souffrance dans le monde de l'entreprise, et sur les moyens de les enrayer.
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Pour mettre fin à ses jours, Philippe (le prénom a été changé, ndlr) est discrètement descendu à la cave, puis il a avalé des médicaments. Informaticien dans une société implantée à la Défense, très impliqué dans son travail, il avait assisté, impuissant, à la dégradation de son univers professionnel. Objectifs de performances toujours plus exigeants, rétrogradation dans l'organigramme après la création d'un nouvel échelon hiérarchique, charge de travail en hausse, augmentation promise puis soudainement annulée, entretiens d'évaluation au lance-flammes...
Le calvaire de Philippe, c'est Jean-Louis Osvath qui le raconte. Cet inspecteur du travail va rédiger un procès-verbal contre l'entreprise pour « homicide involontaire » et « absence d'évaluation des risques ». « La société ne faisait aucune prévention en matière de santé mentale, malgré un précédent suicide », note-t-il. Un cas isolé ? Nullement au vu des dossiers empilés sur son bureau de Nanterre : un salarié de la finance mort en se jetant sous un RER, un ingénieur en informatique pendu, une employée rattrapée de justesse alors qu'elle voulait se défenestrer, un cadre victime de deux attaques cardiaques à cause de son travail. Sans oublier des affaires de harcèlement moral et sexuel. Et ce n'est pas tout : dans le seul département des Hauts-de-Seine, six collègues de Jean-Louis Osvath planchent sur des suicides, qui s'ajoutent aux morts très médiatisées chez Renault, Peugeot ou EDF.
N'aurait-on donc rien appris ? Voilà déjà vingt ans, le psychiatre Christophe Dejours tirait la sonnette d'alarme à propos de la violence du monde du travail. Plus récemment, le