Subir ou commettre l'injustice
Subir ou commettre l’injustice.
Thèse paradoxale du Gorgias : la morale serait-elle moins populaire qu’on ne le croit ?
27/09/10
L’impossibilité de persuader le plus grand nombre est confrontée au pouvoir de persuader par la parole, par un maniement particulier du langage : la rhétorique (dont Gorgias est censé être l’inventeur).
« Subir ou commettre l’injustice ? », cela relève d’une question morale ou politique étant liée à ce que peut, et ne peut pas la rhétorique.
Le dialogue du Gorgias s’organise en trois grands moments qui se règlent sur les trois interlocuteurs différents de Socrate :
1- Gorgias : réflexion sur la nature même de la rhétorique, qui conduit à une perplexité qui la remet en question. 2- Polos : la rhétorique est envisagée comme moyen de puissance ; illustration de l’intérêt pour les jeunes gens d’étudier la rhétorique qui donne le pouvoir de faire que le peuple veuille ce qu’on veut soi-même. Polos reconnaît en paroles qu’il vaut mieux subir l’injustice. Mais c’est par la réfutation de Socrate. La réfutation est un processus de réduction d’un discours à sa contradiction interne. La force de la réfutation est impersonnelle et désintéressée, car elle ne fait pas attention au consentement des intéressés. Celui qui est réfuté ne peut se défendre, il ne peut que reconnaître la contradiction de son discours. Cependant, cela n’implique que le réfuté soit persuadé de la fausseté de son discours. Ainsi, Polos en vient à reconnaître qu’il vaut mieux subir l’injustice à la commettre, sans pour autant en être persuadé, ce qui provoque l’intervention d’un troisième personnage. 3- Calliclès : il a le sentiment que la réfutation de Socrate n’est pas logique, et qu’elle tient seulement à une finesse consistant à jouer sur les deux registres de la nature et de la loi. Socrate aurait aussi joué sur la honte, la gêne… de Polos pour le pousser à consentir à la réfutation qui est alors biaisée, et elle-même rhétorique.