Suffit-il d'avoir bonne conscience pour agir moralement ?
Si au contraire la bonne conscience peut être, comme le suggère le sujet, un symptôme de moralité, c'est que, malgré son aspect infinitif, universel, la question doit être posée en première personne. C'est le moment de la décision et de l'action, au sein de la conscience, que le sujet scrute. Il ne s'agit pas d'interroger après-coup, de l'extérieur, la bonne conscience, mais d'en écouter la voix propre au sein d'un agent, éventuellement tiraillé.
● Revenons à présent à la notion de suffisance. Compris comme un est-ce assez ? le suffit-il ? interroge le rapport du sujet à ses actions : le sujet possède des connaissances, en particulier un savoir éthique, et des intentions. Or, on peut savoir qu'en général telle action est mauvaise, mais se dire que pour nous, dans ce cas, elle ne l'est pas : c'est justement avoir bonne conscience. La situation, les intentions, le projet d'action précèdent et modifient la voix de la conscience. En demandant si la bonne conscience suffit, on interroge donc aussi la nature du savoir éthique
● Mais si la suffisance n'implique pas la nécessité, quel est ce lien qui unit la bonne conscience à l'action morale sans pour autant la requérir? Si la bonne conscience n'est pas un moment nécessaire de l'action morale mais suffit à la garantir, c'est que malgré son opacité