Suicide des enfants
A. Un enfant peut passer à l’acte sans pour autant songer à se tuer
Selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), 37 enfants et préadolescents de 5 à 14 ans se sont donné la mort en 2009 (derniers chiffres disponibles). L'Inserm ne compte aucun suicide chez les enfants de moins de 5 ans. Début 2011, une ado de 14 avait tenté de se tuer tandis que deux enfants de 9 et 11 ans avaient mis fin à leur jour.
Boris Cyrulnik est l'auteur d'un rapport sur le suicide des jeunes et des enfants. Le neuropsychiatre ouvre des perspectives sur les causes de ces morts dramatiques. Elsa Godart
Peut‐on parler de « suicide » à propos d’enfants ?
Boris Cyrulnik : Un enfant dépressif peut faire preuve d’auto‐agression et passer à l’acte sans pour autant songer à se tuer. Il ne cherche pas à ne plus être, mais à être autrement. Il faut donc distinguer « se suicider » et « se donner la mort ». De plus, un enfant de 3 à 5 ans vit dans l’immédiateté, car la partie de son cerveau qui sert de socle neurologique à la perception du temps n’est pas assez développée pour qu’il puisse saisir l’idée d’une disparition définitive. Ce n’est que vers 6‐9 ans qu’il en prend conscience. C’est la raison pour laquelle on ne peut pas vraiment parler de suicide pour des enfants.
Pourquoi certains passent‐ils à l’acte ?
Déterminisme biologique, génétique, trouble familial, social, vulnérabilité émotionnelle… Plusieurs facteurs se conjuguent. Par ailleurs, à chaque changement sociétal important (une révolution, une guerre…), on relève un pic de suicides d’enfants : dans un tel contexte, ils ne se sentent plus sécurisés.
Les enfants atteints de troubles psychiatriques sont‐ils les seuls à pouvoir se donner la mort ?
Beaucoup d’enfants suicidés étaient borderline. Cependant, d’autres, non dépressifs, sont fascinés par la mort. C’est