A-t-on raison de penser que Saint-Denys Garneau et Émile Nelligan présentent, dans Cage d'oiseau et Les Corbeaux, une même vision de la fatalité ? Discutez. Dans les deux poèmes la fatalité des auteurs se défini par la folie intérieure qui les habitent. Ils représentent tous les deux cette folie en utilisant l'image de l'oiseau. Dans « Cage d'oiseau », Saint-Denys Garneau voit son corps comme la prison où est enfermée sa folie. Avec la métaphore « L'oiseau dans ma cage d'os \ C'est la mort qui fait son nid »(v. 4-5) l'auteur indique que cette folie intérieure finira par le tuer. Toute la dernière strophe du poème en fait foi quand Garneau affirme que l'oiseau ne sera libre « Qu'après avoir tout mangé \ Mon cœur \ […] \ Avec la vie dedans »(v.20-21-23). Du coté d'Émile Nelligan dans « Les Corbeaux », il parle de sa folie comme d'un « essaim de corbeaux »(v.1) qui l'attaque sans cesse. Nelligan sent au plus profond de lui, dans sa « lande intime »(v.2) les corbeaux faisant leur « vols funèbres »(v.2) comme pour annoncer sa mort prochaine. Il sait que la mort est inévitable et que la folie aura raison de lui. Ainsi, les deux auteurs sentent la fatalité de la folie qui les assaillent et qui les mènera inexorablement outre-tombe.

Bien que les deux auteurs soient pris avec la folie, leur folie respective est très différente. Saint-Denys Garneau semble aimer sa folie et carburer avec elle. Il l'entend même roucouler à l'intérieur quand il ri. Lorsque l'auteur trouve la vie morose, il entend sa folie « froisser ses ailes »(v.7), signifiant qu'elle brise la monotonie dont il est accablé. Sa folie sera la raison de son décès, mais il ne semble pas triste de cette révélation puisqu'il est en harmonie avec elle. Pour sa part, Émile Nelligan est tourmenté par sa folie et il la voit d'un mauvais œil. Lorsqu'il la qualifie de « démons des nuits »(v.9) il fait le lien entre les corbeaux et sa maladie mentale. Comme si les attaques incessantes des corbeaux étaient en fait