Sujet d'invention sur jacques le fataliste
Correction:
Très chère Mme de la Pommeraye,
Je tiens à vous entretenir, en plein accord avec ma mère, d'un certain embarras qui, croyez-le, m'afflige au plus haut point. En effet, il s'agit d'un problème délicat puisque votre ami le Marquis des Arcis en est le principal sujet. Cependant, vous êtes une amie qui m'est chère; je connais votre honnêteté et votre bonté, je soulagerai donc mon cœur sans crainte. Il y a peu, lors de nos allées et venues à l'église de notre paroisse à laquelle, comme vous le savez, nous sommes particulièrement attachées, ma mère et moi-même avons commencé à remarquer, et cela de plus en plus fréquemment, quelques présences importunes. Mère fut la première à percevoir les regards observateurs; elle m'en fit ensuite confidence afin de m'inciter à la méfiance. Nous ne savions rien de ces hommes fort singuliers, jusqu'au jour où nous en reconnûmes un: Monsieur le Marquis. Inutile de vous faire part de notre surprise. Nous fîmes alors mine de ne le point reconnaître afin de nous mieux renseigner sur son dessein. Les semaines suivantes, nous le rencontrâmes bien trois fois le jour: il était présent à tous les offices et restait parfois dressé plusieurs heures sur le pas de notre porte.
Je dois vous avouer, Madame, que nous avions gardé, depuis notre dernière entrevue en présence du Marquis, le souvenir d'un fort galant homme respirant l'élégance et l'honnêteté. Néanmoins, cette omniprésence nous indispose fortement: une persévérance dans cette voie pourrait à la longue nous amener à ne plus pouvoir souffrir la vue de cet homme trop indiscret.
Je vous supplie donc, ma chère amie, de l'entretenir à ce propos afin que