Le sourire des gens, leur bonne humeur, je ne supportais pas. De la jalousie ? Non je n'irais pas jusque là, mais le bonheur des autres me rendait malade.
Je vivais seule dans un petit pavillon blanc, du style année 50, dans une campagne isolée tout près de Paris. Ma vie de célibataire, associable me convenait amplement, j'étais heureuse, je construisais ma vie comme bon me semblait, personne n'était là pour me dire ce que j'avais à faire, c'était comme un petit paradis personnalisé. Tous les matins je me levais, j'admirais le soleil, et je buvais mon café installée confortablement sur ma terrasse face aux champs de blés tout juste moissonnés. Rien ne venait nuire à mon bien-être, mis à part la bonne humeur des gens. Après avoir poussé une collègue à la dépression je me suis faite renvoyé de mon poste de banquière, il me fallait donc trouver un nouvel emploi. Suite à de multiples recherches sur internet, mon attention se focalisa sur une offre recherchant une « démotivatrice », en lisant le descriptif j'ai tout de suite su que ce travail était fait pour moi. Cela consistait à démoraliser les gens qui étaient heureux, à manipuler leur esprit et à les pousser dans un total désarroi. L'envoi de mon C .V fut tout de suite suivie d'une réponse positive au vu du nombre peu élevé de candidats.Cette profession était un pur paradis sans contraintes, je m' emparais de la détresse des faibles avec délectation, j'enfonçais les plus veinards dans un enfer sordide, je brisais les rêves de chacun, je me réjouissais des larmes versées, plus ils étaient malheureux plus j'étais comblée, comme quoi les mots peuvent détruire. Mais tout a basculé le jour ou un nouveau candidat,bien plus jeune et motivé a pris ma place. Il s'est acharné sur moi et m'a anéanti. Je n'avais plus goût à la vie, j'étais, comme ces centaines de personnes que j'ai brisé, en enfer. Après des jours et des jours à broyer du noir, j'ai réfléchi aux dégâts que j'avais commis et j'ai réalisé que pour m'en