Sumire
« … Sumire1, qui détestait son prénom, aurait préféré éviter d’avoir à le prononcer ; mais quand on le lui demandait, elle était bien obligée de le donner, par politesse. Son père lui avait raconté qu’il lui venait de sa mère ; elle adorait un chant de Mozart intitulé « la violette »2 et avait décidé longtemps auparavant que si un jour elle avait une fille, elle l’appellerait ainsi. Sur une étagère du salon était rangé un disque intitulé « chants de Mozart » (que sa mère avait sans nul doute écouté maintes fois) et, quand elle était petite, Sumire posait précautionneusement le lourd 45 tours sur le plateau pour écouter « la violette » en boucle, interprétée par Elisabeth Schwarskopf, accompagnée au piano par Walter Gieseking. Sumire ne comprenait pas les paroles, mais d’après la douceur de la musique, elle était sûre qu’il s’agissait d’un chant dédié à la beauté des violettes qui fleurissent au printemps dans les prés. Elle aimait profondément les images qu’il lui évoquait. Un jour, dans la bibliothèque de son collège, elle en découvrit par hasard une traduction japonaise, et eut le choc de sa vie en apprenant que c’était en fait l’histoire d’une innocente violette des prés piétinée par une fille de berger insensible, pas même consciente d’écraser la fleur sous ses pieds. Il s’agissait d’un poème de Goethe, parait-il mais aucune morale finale ne venait racheter la brutalité de l’histoire. -Comment ma mère a-t-elle pu choisir mon prénom à partir de cette horrible chanson ? demanda Sumire avec une moue de dégoût… » Extrait du 1er chapitre du roman « Les amants du Spoutnik » de Haruki Murakami3
Avant-projet
Ainsi certaines chansons ont une place importante dans l’histoire de chacun d’entre nous. Aussi, vous choisirez une chanson qui marque votre histoire ou celle de votre famille. (Origines culturelles, souvenir particulier…) Dans l’esprit du texte ci- dessus, la présenter en quelques lignes, insérer les paroles, leur