Supplement au voyage de bougainville, analyse
Mais ce texte est aussi un exemple extraordinaire de la complexité des mises en scènes textuelles, du jeu avec les codes des auteurs du XVIIIe siècle en général, et de Diderot en particulier, qui visent entre autres à rappeler en permanence au lecteur qu’il lit un texte, à susciter son esprit critique. Exemple d’intertextualité, à la fois interne et externe, le Supplément au Voyage de Bougainville fait partie d’un ensemble de trois contes philosophiques, avec Ceci n’est pas un conte et Madame de la Carlière, trois fictions philosophiques écrites autour du même problème, la confrontation de la physiologie et de la morale, c’est-à-dire l’inconstance naturelle de l’homme, et du problème du jugement social, des préjugés, de l’artificialité et de la pluralité des codes et des contradictions qu’ils renferment.
La complexité des mises en scènes textuelles, des jeux que Diderot affiche, implique un rapport particulier au lecteur afin de solliciter son esprit critique. Enfin, à l’instar du Rêve de d’Alembert, le Supplément au Voyage de Bougainville présente une structure ternaire.
On peut donc envisager plusieurs approches : la perspective du succès des récits de voyage, l’écriture philosophique de Diderot, et l’écriture même du Supplément, c’est-à-dire le problème du texte lui-même; c’est cette troisième approche qui sera