Sur la route : kerouac et la beat generation
Sur la route, de Jack Kerouac, est une ode aux grands espaces, à l'épopée vers l'ouest, et à la découverte de mondes nouveaux. Il est le récit des errances de l'auteur dans les étendues américaines; voyageant la plupart du temps en auto-stop, logeant chez qui l'accepte, partageant femmes et alcool avec des amis de rencontre, Kerouac s'abandonne ici à la loi du hasard, et à la recherche d'une fraternité réelle et « pure » entre les gens. Par le biais de ce récit, Kerouac rend la nostalgie des grands espaces en l’opposant à l’industrialisation de la côte Est américaine.
Sur la route est aussi le symbole de ce qu’on appelle la « Beat génération », terme évoqué par Jack Kerouac lui-même en 1948 pour décrire son cercle d'amis au romancier John Clellon Holmes (qui publiera plus tard le premier roman sur la Beat Generation, intitulé Go, en 1952, en même temps qu'un manifeste dans le New York Times : « This is the Beat Generation »). Le mot "beat" désignait depuis le XIXème siècle un vagabond du rail voyageant clandestinement à bord des wagons de marchandises. Peu à peu ce mot a pris le sens que lui ont donné les jazzmen noirs, "beat" en vint à signifier une manière de traverser la vie. Etre beat devint être foutu, à bout de souffle, exténué. Kerouac se réapproprie le terme et le travaille de façon à en faire ressortir d’autres significations, telles que « beat », « béatitude ». De plus Allen Ginsberg, dans une formule frappante a décrit les Beatmen comme étant des "hipsters à têtes d'anges". Il a donc insisté sur les deux aspects qui caractérisaient la nouvelle génération: la révolte et l'attitude religieuse. L’adjonction de cet adjectif au mot « génération » est une référence directe à la lost generation, la « génération perdue » de Francis Scott Fitzgerald. Mais qu’était-ce donc ? Une rébellion sociale et littéraire d'importance en Amérique, une première contre-culture, un mouvement représenté par un