Symphonie
Le premier mouvement, sous-titré « Comme un bruit de la nature » (« Wie ein Naturlaut »), débute par une longue note tenue des cordes au-dessus de laquelle semble s’ébaucher un motif fondateur.
Le deuxième mouvement (« Énergique et animé, mais pas trop rapide »), est un scherzo dont la thématique puise largement dans la littérature populaire autrichienne. Dans le rythme d’un ländler, on ressent clairement l’influence de Franz Schubert dans les parties extrêmes et celle de Bruckner dans l’ostinato du trio central.
Le troisième mouvement est le plus mystérieux de cette symphonie, une lente marche funèbre en ré mineur, est bâti sur la version allemande de la chanson Frère Jacques (Bruder Jakob). Sur un mouvement de balancier lourd et sombre des basses, la chanson, altérée par le mode mineur, se déploie lentement en une sorte de cortège funèbre. La mélodie s’amplifie, se répandant à tout l’orchestre. Soudain, un thème presque vulgaire, issu des danses de bistro, est joué « avec parodie » par un petit orchestre, aux sonorités étranges : c'est la musique d'un mariage juif. Cette alternance d’éléments graves et futiles scandalisa les premiers auditeurs peu habitués à cet amalgame de genres.
Le grand final qui clôt cette symphonie symbolise la dure conquête qui mène des ténèbres à la lumière. Sa structure est celle de la sonate. Il est le plus ouvertement dramatique et s’ouvre de manière tumultueuse sur de lourdes sonorités. S’ébauche ensuite un thème aux allures conquérantes et victorieuses. Pourtant, il lui faudra lutter avec une formidable énergie et être abattu à trois reprises avant d’aboutir à la lumière d’un ré majeur final.