n 1903, Georges Benoit-Lévy (1880-1971), titulaire d'une licence de droit, obtient une bourse du Musée social qui le charge d'aller étudier en Angleterre les villages industriels de Port Sunlight et de Bournville et de visiter le chantier de la première cité-jardin anglaise, Letchworth, mise en pratique des idées formulées en 1898 par le publiciste anglais Ebenezer Howard. À son retour, il fonde l'Association des Cités-Jardins de France pour diffuser le modèle et susciter la création de « Letchworth à la française ». À partir du milieu des années 1920, il se mobilise activement en faveur de la cité linéaire mis au point par l'ingénieur madrilène Arturo Soria y Mata. Face à la croissance infinie des grandes villes et la dégradation des conditions de vie, les deux dispositifs apportent, selon lui, des réponses pertinentes au double problème de l'insalubrité de l'habitat et de la congestion urbaine. L'infortune critique de Benoit-Lévy associée au silence qui entoure son rôle après la Première Guerre mondiale méritaient un retour sur son parcours, depuis son entrée dans son entrée en réforme en 1903 jusqu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale. En s'intéressant à la réflexion et à l'action de ce « propagandiste idéaliste », l'étude présentée ici vise moins à engager un procès en réhabilitation de Georges Benoit-Lévy qu'à pointer les limites et les contradictions d'une vision qui envisage la ville comme ligne de fuite tout en mettant en lumière les apports d'une démarche qui font de cette figure atypique, ayant construit sa « carrière » hors du mouvement de professionnalisation du milieu urbaniste français, un acteur inattendu mais significatif des débuts de