Synthèse histoire du roman
D’UNE LANGUE A UN GENRE, ORIGINE DU MOT « ROMAN »:
Ce terme sert originellement à désigner une langue utilisée au Moyen Âge, la langue romane, issue de la langue utilisée au nord de la France, la langue d'oïl, qui prévaudra sur la langue d'oc du sud de la France. Cette langue, née de l'évolution progressive du latin, remplace ce dernier dans l’usage et dans les pratiques orales du nord de la France. Romanus (latin) > romanice (latin vulgaire) > romanz ou romans (ancien français).
Au Moyen Âge, l’usage du latin se restreint aux textes écrits tandis que les communications orales se font en langue romane. Le latin n'étant connu que d’une petite minorité de la population, constituée essentiellement de religieux et de lettrés, il faut alors transcrire ou écrire en langue romane certains textes afin de les rendre accessibles à un public plus large. Le terme « roman » est donc appliqué à tous les textes écrits en langue romane dans ce but, qu’ils soient en prose ou en vers, qu’ils soient narratifs ou non. Les romans s’opposent alors aux textes écrits en latin, notamment les textes officiels et sacrés. L’expression « mettre en roman », apparue vers 1150, signifie donc « traduire en langue vulgaire ». Pour désigner les textes qui appartiennent au genre narratif, les termes estoire et conte sont le plus souvent utilisés. Ainsi, Chrétien de Troyes écrit-il :
« ore commencerai estoire ».
À l’origine réservée à la traduction de textes hagiographiques (récit de la vie des saints), cette langue vulgaire - le roman - est vite utilisée par la littérature narrative. Le terme se met à désigner progressivement un genre littéraire à part entière. Ainsi, dans Lancelot ou le Chevalier de la charrette, Chrétien de Troyes écrit-il : « puisque ma dame de Champagne veut que j’entreprenne un roman, je l’entreprendrai très volontiers ». Le terme commence alors à se rapprocher de son sens moderne, celui de récit fictif à épisodes centré autour d’un