synthèse la bête humaine
Technique industrielle et technique littéraire
Le XIXe siècle a connu de formidables innovations techniques. Zola, fils d’un ingénieur qui participa à la construction du premier chemin de fer européen, s’enthousiasme pour ce moyen de transport qui semble affranchir l’homme des pesanteurs matérielles de l’espace et du temps. Le spectacle des aiguillages le fascine : faire se croiser les trains, programmer leur convergence vers le même point d’ arrivée, n’est-ce pas le travail même du romancier ? La gare Saint-Lazare, avec ses trois doubles voies « sort[ant]du pont, se ramifi[ant], s’écart[ant] en un éventail dont tes branches de métal, multipliées, innombrables, [vont] se perdre sous les marquises », est aussi le modèle de la composition romanesque.
Une métaphore de la composition romanesque
Car Zola a réussi le tour de force de faire se croiser ici trois voies différentes et de les faire converger vers le même dénouement: celle de la modernité technique qui va au futur, celle de l’hérédité criminelle qui plonge ses racines dans le passé, celle de la dénonciation de l’appareil judiciaire.
Dès Le Ventre de Paris, il avait fait de la circulation du sang la métaphore de celle des trains : les petites veines bleues qui fascinent l’assassin, tes engorgements subits qui lui font monter le sang à la tête, sont à l’image des fluidités et des accidents de la voie. Mais, comme l’a montré Colette Becker (Préface à La Bête humaine, éd. Bouquins), le réseau ferroviaire est aussi la métaphore de l’hérédité: «Il est comme l’arbre généalogique […] dans lequel le sang de l’aïeule, la tante Dide, circule et se combine avec d’autres sangs au risque de la dégénérescence. »
II - LA PSYCHOPATHOLOGIE DU DOCTEUR ZOLA
Le monde à part de la bête humaine
Le héros de La Bête humaine, Jacques Lantier, fils de Gervaise, appartient à ce « monde à part » qui permet à Zola d’explorer toutes les figures de la marginalité. Avec Nana, la