Les immigrants italiens aux Etats-unis Prenons un groupe d’Italiens au moment où ils débarquent, et suivons-les dans la vie nouvelle qu’ils vont commencer. Ils arrivent de Naples, et à l’entrée du port de New York ils sont pris à bord de leur steamer, pour être transportés au moyen de grosses barques sur l’île d’Ellis où sont installés les bureaux de l’immigration. La traversée ne les a pas démarqués. Le soleil d’Italie semble les avoir accompagnés. Ils parlent bruyamment, s’interpellent, gesticulent avec une vivacité tout italienne. La plupart d’entre eux sont des paysans sans instruction ; certains ont l’esprit contaminé de socialisme ou d’anarchie. Leur petit bagage à la main, ils défilent un par un devant les inspecteurs, répondent à la série des questions traditionnelles, ouvrent leur bourse et en étalent le contenu. S’ils sont admis, ils débarquent bientôt à New-York pour s’y fixer ou pour repartir plus loin. Restons avec ceux que la ville va garder. Dans la foule qui assiste à leur arrivée, sur le débarcadère du ferry-boat, ils reconnaissent un frère, un parent ou un ami, qui est venu à leur rencontre, tombent dans ses bras, et l’embrassent avec une naïve effusion, puis disparaissent dans les rues au milieu du fracas de l’elevated railway. Mais ils ne connaissent ni la langue ni les usages du pays, et pour trouver du travail ils devront avoir recours au padrone. Italiens eux-mêmes, les padroni sont des intermédiaires entre les patrons et les immigrants. Avant la suppression du contractlabor, c’étaient eux qui embauchaient ceux-ci avant leur départ. Depuis ils se sont maintenus, et grâce à eux les nouveaux arrivants trouvent très rapidement du travail. En général, le padrone tient en même temps un boarding-house, où il les abrite et les nourrit. Enfin il est souvent banquier, reçoit du patron les salaires, les distribue aux ouvriers, ou les garde en dépôt dans la mesure où ceux-ci le désirent. Il se charge de faire parvenir l’argent qu’ils envoient