Tartuffe
Mais il dépeint aussi une famille aisée de la grande bourgeoisie. Orgon, ayant établi sa position financière, cherche une sorte de légitimité religieuse. Comme tous les grands bourgeois dépeints par Molière, il fait preuve d’une certaine naïveté. Il pratique une sorte de dictature sur ses enfants. Le thème du mariage forcé, si contraire aux principes de Molière, est présent dans la pièce.
La pièce est ancrée dans la réalité historique avec l’allusion à la Fronde, qui a déchiré la France une quinzaine d’années auparavant. Le roi y apparaît plein de mansuétude et de sagesse.
Gravitent autour d’Orgon et de Tartuffe (qui n’apparaît que très tardivement, à la scène 2 de l'acte III) les personnages chers à Molière : les enfants naïfs et impétueux (Damis, Mariane et Valère), les personnages sages et raisonnables (Elmire et Cléante), la servante pleine de bon sens au franc parler (Dorine), la vieille dame hors du temps et de la raison (madame Pernelle).
Malgré tous ces ingrédients qui font de Tartuffe une comédie de facture assez classique, la pièce reste révolutionnaire par sa mise en cause d’une religion qui deviendrait dictatoriale. Elle est, avec Dom Juan, une des pièces qui ont soulevé le plus de polémiques et d’oppositions.
Même si sa préface semble indiquer qu’il a installé une sorte de vision manichéenne, Molière laisse peser l’ambigüité sur l'hypocrite : il a tout fait pour « bien distinguer le personnage de l’hypocrite d’avec celui du vrai dévot ». On peut supposer que Molière a été lui-même hypocrite sur cette affirmation, parce qu’il voulait voir sa pièce jouée ; Tartuffe n’est pas seulement un faux dévot mais également un libertin. Il