Taylorisme_2
Guillaume DUVAL
Alternatives Economiques n° 137 - mai 1996
Depuis le milieu des années 80, le taylorisme s'est de nouveau imposé dans l'organisation du travail, mais cette fois, au nom de la qualité et du délai et plus seulement de la rentabilité. Une justification qui, associée au chômage, explique le peu de résistance des salariés.
Début des années 70. Les boulons volent dans les ateliers des grandes usines automobiles: c'est la révolte des OS. Même les travailleurs immigrés n'acceptent plus les conditions de travail imposées par le taylorisme. Les femmes non plus d'ailleurs, y compris dans les zones rurales. La grande grève du Joint français en 1972 à Saint-Brieuc restera dans les mémoires.
Parallèlement, la société de consommation et ses produits de masse standardisés font désormais horreur aux enfants du baby boom qui " n'ont pas connu la guerre et ne savent plus ce que c'est que de manquer de tout ". Par quelque bout que l'on prenne la question, le taylorisme paraît définitivement condamné.
1996. Vingt ans à peine ont passé. Le travail répétitif a partout repris sa progression. Il poursuit sa conquête centenaire du travail industriel, mais surtout il envahit désormais le secteur des services. Et cela sans plus susciter de conflits majeurs. Comment en est-on arrivé là? Bien sûr, entre temps, trois millions de chômeurs guettent le premier poste disponible. " Si t'es pas content, il y en a dix qui attendent devant la porte. " Même quand il n'est pas utilisé explicitement, l'argument pèse très lourd. On aurait tort, cependant, de voir dans la reconstitution de l'" armée de réserve " l'unique explication de ce regain de faveur du taylorisme. D'autres phénomènes jouent un rôle majeur dans cette résignation face au développement du travail répétitif.
Tout d'abord, aucune alternative au travail répétitif qui soit plus productive que lui n'a été trouvée. Les tentatives, nombreuses à la fin des années 70, de réintroduire dans l'industrie des