Texte de kant
Il est (…) difficile pour chaque individu séparément de sortir de la minorité(1), qui est presque devenue pour lui nature. Il s’y est bien complu ; et il est pour le moment réellement incapable de se servir de son propre entendement, parce qu’on ne l’a jamais laissé en faire l’essai. Institutions et formules, ces instruments mécaniques d’un usage de la raison, ou plutôt d’un mauvais usage des dons naturels, voilà les entraves que l’on a attachées aux pieds d’une minorité qui persiste. Quiconque même les rejetterait ne pourrait faire qu’un saut mal assuré par-dessus les fossés les plus étroits, parce qu’il n’est pas habitué à remuer ses jambes en liberté. Aussi sont-ils peu nombreux ceux qui sont arrivés, par le propre travail de leur esprit à s’arracher à la minorité et à pouvoir marcher d’un pas assuré. Mais qu’un public(2) s’éclaire lui-même, rentre davantage dans le domaine du possible, c’est même, pour peu qu’on lui en laisse la liberté, à peu près inévitable. Car on rencontrera toujours quelques hommes qui pensent de leur propre chef (…) et qui, après avoir eux-mêmes secoué le joug de la minorité, répandront l’esprit d’une estimation raisonnable de sa valeur propre et de la vocation de chaque homme à penser par soi-même.
(1)Attention au sens de ce terme. Tenir compte du contexte.
(2)Même remarque.
Emmanuel KANT, Qu’est-ce que les Lumières ?
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est