Texte de la lecture analytiqe du portrait dérobé- la princesse de clèves
La reine dauphine faisait faire des portraits en petit de toutes les belles personnes de la cour pour les envoyer à la reine sa mère. Le jour qu’on achevait celui de Mme de Clèves, Mme la Dauphine vint passer l’après-dînée chez elle. Mr de Nemours ne manqua pas de s’y trouver ; il ne laissait échapper aucune occasion de voir Mme de Clèves sans laisser paraître néanmoins qu’il les cherchât. Elle était si belle, ce jour là, qu’il en serait devenu amoureux quand il ne l’aurait pas été. Il n’osait pourtant avoir les yeux attachés sur elle pendant qu’on la peignait, et il craignait de laisser trop voir le plaisir qu’il avait à la regarder. Me la Dauphine demanda à Mr de Clèves un petit portrait qu’il avait de sa femme, pour le voir auprès de celui que l’on achevait ; tout le monde dit son sentiment de l’un et de l’autre ; et Mme de Clèves ordonna au peintre de raccommoder quelque chose à la coiffure de celui que l’on venait d’apporter. Le peintre, pour lui obéir, ôta le portrait de la boite où il était et, après y avoir travailler, il le remit sur la table.
Il y avait longtemps que Mr de Nemours souhaitait d’avoir le portrait de Mme de Clèves. Lorsqu’il vit celui qui était à M de Clèves, il ne put résister à l’envie de le dérober à un mari qu’il croyait tendrement aimé; et il pensa que, parmi tant de personnes qui étaient dans ce même lieu, il ne serait pas soupçonné plutôt qu’un autre. Mme la Dauphine était assise sur le lit et parlait bas à Mme de Clèves, qui était debout devant elle. Mme de Clèves aperçut par un des rideaux, qui n’était qu’à demi fermé, M de Nemours, le dos contre la table, qui était au pied du lit, et elle vit que, sans tourner la tête, il prenait adroitement quelque chose sur cette table. Elle n’eut pas de peine à deviner que c’était son portrait, et elle en fut si troublée que Mme la Dauphine remarqua qu’elle ne l’écoutait pas et lui demanda tout haut ce qu’elle regardait. M de Nemours se tourna à ces paroles; il rencontra