Texte de russel
Dans cet extrait de Problèmes de philosophie, Bertrand Russell s’interroge sur la véritable valeur de la philosophie. Il utilise la thèse de l’opinion commune pour approfondir la sienne et l’exprimer : la valeur de la philosophie réside dans le fait qu'elle soit incomplète et incertaine. On se demande alors quelles sont ces valeurs caractéristiques de la philosophie qui font de ces réflexions des moments peu habituels. Russell dévoile ensuite ce qu’il en est réellement des valeurs de la philosophie. La valeur de la philosophie n'est pas de répondre aux questions qu’elle affronte. Alors que la science parvient à des résultats positifs, la philosophie ne construit pas de savoirs positifs mais toujours vagues. Les questions qu’elles posent demeurent ouvertes. Elle cultive l’incertitude mais c’est "largement" ce qui fait sa valeur. Celle-ci se décline de deux manières : premièrement, le doute philosophique est ouverture à différentes possibilités et deuxièmement, il élargit des frontières du Moi et de ce qui l'entoure pour s'intéresser à l'étude de l'univers. Il libère l'individu qui se désintéresse du monde.
Ce texte propose un éloge de la philosophie car ce qui a de la valeur, c’est ce qui inspire le respect ou l’estime et la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. Notons que la précision "largement" utilisée par l'auteur contient une réserve. L’incertitude n'utilise pas toute la valeur de la philosophie mais elle en est une dimension essentielle.
Qu’est-ce donc que l’incertitude et en quoi est-ce une vertu ? L’incertitude est le propre d’un esprit qui ne peut pas adhérer à un contenu de pensée parce qu’il a conscience de son faible savoir. Ne satisfaisant pas aux exigences rigoureuses de la vérité, celui-ci demeure douteux. Etre incertain consiste sans doute à être travaillé par le doute. L’esprit philosophique est donc le contraire d’un esprit dogmatique. Il s’étonne, interroge et cherche une vérité capable de résister aux