Textes bac 2012
« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage… »
Joachim DU BELLAY (1522-1560)
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine.
« Harmonie du soir »
Les Fleurs du mal, Charles BAUDELAIRE (1821-1867)
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !
LECTURES COMPLEMENTAIRES :
« JE NE SAIS COMMENT JE DURE… »
Rondeaux, Christine de Pisan (1365-1430)
Je ne sais comment je dure
Car mon dolent cœur fond d'ire
Et plaindre n'ose, ni dire
Ma doleureuse aventure
Ma dolente vie obscure
Rien, hors la mort ne désire,
Et me faut, par couverture,
Chanter que mon cœur soupire
Et faire semblant de rire,