Theme 5 : Corpus
Nous étudierons les œuvres de notre corpus de façon chronologique, car, nous l’avons dit, les manifestations du rire hugolien ont évolué tout au long de la carrière de l’écrivain.
Extrait N°1 : Bug-Jargal
Bug-Jargal, écrit par Hugo à l’âge de 16 ans, est un roman qui se rattache au genre du roman noir et frénétique. L’action se déroule dans l’Ile de Saint-Domingue en 1791 et retrace la révolte des noirs de l’Ile.
Puisque Hugo soutiendra quelques années plus tard que, dans une œuvre littéraire, le laid et le sublime doivent coexister, il est normal de le voir peupler ses romans de monstres (Voir le
Clin d’œil N°2) et même faire du monstre un héros de roman, comme dans Bug-Jargal. Pour
Hugo, le monstrueux est le meilleur moyen d’exacerber une réalité à dénoncer en la livrant au regard d’autrui, sous un angle à la fois risible, grotesque et pathétique. Comme nous le verrons, tout au long de ce dossier, les monstres sont omniprésents dans son œuvre ; ils sont directement inspirés de Shakespeare.
De plus, à l’époque de Bug-Jargal, Hugo soutient que l’aspect physique reflète nécessairement l’âme d’un individu. Aussi, ses personnages sont-ils des individus dont la laideur physique reflète la laideur morale. Le monstre est donc celui qui fait rire, mais qui produit un rire de cruauté. Il en est ainsi de son premier monstre, Habibrah, esclave bouffon, dont l’oncle du narrateur se sert comme objet de moqueries et de comique. C’est un nain hideux, cruel et pervers, dont l’expression faciale couvre tous les degrés de la grimace. Voici son portrait.
Extrait : Bug-Jargal, p. 9-10
« – Entre tous ces esclaves, un seul avait trouvé grâce devant mon oncle. C’était un nain espagnol, griffe de couleur, qui lui avait été donné par lord Effingham, gouverneur de la
Jamaïque. Mon oncle, qui, ayant longtemps résidé au Brésil, y avait contracté les habitudes du faste portugais, aimait à s’environner chez lui d’un appareil qui répondît à sa