La Nature est une thématique importante dans les Confessions de Rousseau comme dans le reste de son œuvre (on pense aux Rêveries du promeneur solitaire, à l'importance de la notion d' « état de nature » dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes). Lieu de simplicité et de beauté, elle est une source de jouissance et de contemplation inépuisable pour celui qui publiera un traité de botanique en 1805 (et qui s'intéressera à la création de quelques herbiers), mais elle est aussi l'espace privilégié dans lequel l'esprit de Rousseau peut exercer un pouvoir d'imagination et de rêverie exalté.
Le parcours du jeune Jean-Jacques dans les six premiers livres de l'autobiographie est rythmé par des récits de longues marches, de fugues, de périodes toujours marquantes vécues au sein de décors naturels et ruraux et dont l'allégresse fait souvent compensation avec la gravité des autres passages. La Nature structure le récit de vie dans son acception la plus concrète, mais elle imprègne également la pensée et l'écriture de celui qui souhaite « montrer [...] un homme dans toute la vérité de sa nature » p29. En effet, en dehors de l'expression d'une sensibilité particulière qui s'éveille au contact de la beauté des paysages naturels, Rousseau veut faire part de ce qu'est l'essence de l'Homme à travers le lien qui l'unit à cette Nature originelle.
Quels sont donc les différents rôles et influences de la Nature chez Rousseau au sein de l'autobiographie?
Nous verrons dans un premier temps de quelle manière l'écriture des Confessions se construit autour de cette thématique, puis les rapports existants entre la Nature et le « moi » et enfin le rôle de la Nature dans la conception de l'Homme développée à travers l'autobiographie.

I- La Nature écrite

A- Étapes du récit
La plongée du personnage de Jean-Jacques dans un décors naturel se fait à plusieurs moments clefs du récit. L'enfance à Bossey chez le pasteur Lambercier marque l'éveil