Après la fin du règne de Louis XIV, un théâtre où s’exprime la liberté des sentiments naît, dont Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux domine à son époque. Auteur de pièces de théâtre il a été inspiré par la Commedia Dell’Arte et écrit principalement pour la comédie française. Parallèlement, il travaille comme journaliste au Spectateur Français qu’il fonde en 1721. En 1737 est représentée la pièce intitulée Les Fausses Confidences. Ici, nous nous trouvons dans une comédie écrite en prose de la fin du classicisme et du début du mouvement des Lumières, plus précisément à l’acte II, scène 13 qui met en scène deux personnages, Araminte et Dorante. Dans ce passage de la pièce, Araminte met à l’épreuve Dorante dont elle connaît les sentiments amoureux qu’il éprouve pour elle. Elle lui fait écrire une lettre à un rival, afin qu’il lui avoue son amour.
Comment le jeu comique avec une lettre révèle-t-il les sentiments des personnages ?
Pour y répondre nous étudierons le rôle de la lettre et les sentiments internes des personnages.

Au théâtre, la lettre n’est pas un simple accessoire ou objet. Le choix de l’auteur de l’introduire dans une scène n’est pas sans but. En effet, elle peut avoir des fonctions scéniques et dramatiques que l’on retrouve grâce aux indications données par les didascalies. Cependant, chez Marivaux, l’emploi de didascalies se fait plus discret, mais ce n’est pas pour autant que l’intrigue ne se déroule pas autour de cet objet clé. Effectivement, le jeu des acteurs autour de la lettre est important dans cette scène. Dorante s’exécute lorsqu’Araminte lui demande d’écrire une missive qu’elle va lui dicter avec « Oui, Madame » (l.2). On retrouve également une répétition du mot « Madame » aux lignes 2, 7, 12, 18, 23 et 28 qui souligne fortement un respect que Dorante à envers Araminte. L’utilisation d’un langage soutenu venant des deux personnages nous dévoile leur appartenance à une classe sociale aisée, même si Dorante est de classe inférieure à