Titanic
Trois films se succèdent dans "Titanic" D'abord un film romantique flamboyant, une histoire d'amour fou, alors que la plupart des films romantiques se contentent d'amours modérées et édulcorées. La réalisation joue alors sur le registre du lyrisme le plus débridé, avec ces mouvements de caméra virtuoses au-dessus du navire, ou des compositions picturales comme la "figure de proue" des amoureux qui doit orner quarante millions de chambres d'adolescent(e)s dans le monde. A d'autres moments, on revient vers la comédie romantique américaine classique, à travers le jeu sur le passage d'un milieu social à un autre : Jack au dîner des riches, Rose au bal des prolos. Ou encore dans le romantisme érotique : scène du portrait, scène d'amour. Et la description du navire, par sa précision, rejoint le documentaire. Dès que Jack a effectué le portrait de Rose, au moment précis où le valet, qui est à leur recherche, débarque dans l'appartement, on entre dans le second film, qui est un film d'action. C'est la partie la plus faible de "Titanic". Les courses-poursuites et les images-choc sont bien fabriquées, mais inutiles. Dans une grande épopée hollywoodienne comme "Titanic", ce morceau de "film de genre" détonne. Enfin, les deux amants, après avoir échappé à mille dangers dans les antres du navire, parviennent finalement sur le pont, et commence alors une séquence de vingt minutes pendant laquelle le paquebot penche, se dresse et sombre. C'est le film catastrophe. Il s'agit d'une scène unique, folle, jamais vue par sa longueur, son thème (le navire penche lentement à la verticale, les gens courent vers le sommet), et son réalisme. Contrairement à ce que croient beaucoup de réalisateurs de blockbusters, dont Cameron lui-même quelques minutes plus tôt, il est inutile de multiplier les plans et les péripéties pour créer la tension ; les scènes les plus fortes ne comportent qu'une ou deux bonnes idées, mais exploitées au-delà de toute