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Alphonse Daudet, « La légende de l’homme à la cervelle d’or »,
Lettres de mon moulin, 1869. m Après
avoir lu attentivement le texte, vous en dégagerez brièvement la morale, puis vous direz à quel(s) genre(s) on peut le rattacher. Vous justifierez votre réponse.
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La légende de l’homme à la cervelle d’or
À la dame qui demande des histoires gaies.
En lisant votre lettre, madame, j’ai eu comme un remords. Je m’en suis voulu de la couleur un peu trop demi-deuil de mes historiettes, et je m’étais promis de vous offrir aujourd’hui quelque chose de joyeux, de follement joyeux.
Pourquoi serais-je triste, après tout ? Je vis à mille lieues des brouillards parisiens, sur une colline lumineuse, dans le pays des tambourins et du vin muscat. Autour de chez moi tout n’est que soleil et musique ; j’ai des orchestres de culs-blancs1, des orphéons2 de mésanges ; le matin, les courlis3 qui font « Coureli ! coureli ! », à midi, les cigales, puis les pâtres qui jouent du fifre4, et les belles filles brunes qu’on entend rire dans les vignes… En vérité, l’endroit est mal choisi pour broyer du noir ; je devrais plutôt expédier aux dames des poèmes couleur de rose et des pleins paniers de contes galants. ©HATIER
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Eh bien, non ! je suis encore trop près de Paris. Tous les jours, jusque dans mes pins, il m’envoie les éclaboussures de ses tristesses…
À l’heure même où j’écris ces lignes, je viens d’apprendre la mort misérable du pauvre Charles Barbara5 ; et mon moulin en est tout en deuil. Adieu les courlis et les cigales ! Je n’ai plus le cœur à rien de gai… Voilà pourquoi, madame, au lieu du joli conte badin6 que je m’étais promis de vous faire, vous n’aurez encore aujourd’hui qu’une légende mélancolique.
Il était une fois un homme qui avait une cervelle d’or ; oui, madame, une cervelle toute en or. Lorsqu’il vint au monde, les médecins pensaient que