En 1831, Alexis de Tocqueville se voit confier, par le gouvernement français de l’époque, la tâche d’enquêter sur le système carcéral américain. Lors de ce voyage, le sociologue ne se contentera pas de rencontrer et d’analyser les appareils disciplinaires mis en place par cette société et cet Etat pour le moins singuliers; mais son enquête le mènera à l’étude du véritable principe que semble être l’idéal démocratique mis en place par la société américaine de l’époque.
C’est ainsi que De la démocratie en Amérique aura pour fonction première d’analyser la démocratie représentative républicaine ainsi que les formes particulières qu’elle revêt aux Etats-Unis.
En 1835, alors que la France était encore agitée par de nombreuses luttes politiques et idéologiques, l’oeuvre de Tocqueville semblait défendre l’idée selon laquelle la démocratie n’était pas un accident de l’histoire mais le fruit inéluctable de l’égalisation des conditions. Sous le jour de cette idée nouvelle, il ne s’agissait plus pour les homme d’être, ou de devenir égaux, mais de naître égaux. Mais en vertu même de cette idée, l’idéal démocratique change fondamentalement leur condition, puisqu’il ne s’agit plus de devenir, donc de changer d’état par une volonté ou un choix quelconques; mais au contraire de donner un jour nouveau, une dimension nouvelle à l’idée de ce qu’est l’homme et ce à sa naissance même, idée au sein de laquelle l’égalité des conditions est réalisée depuis l’origine; et l’on comprend ainsi fort aisément la force et l’importance que l’idée démocratique revêt.
Aussi, c’est tout naturellement qu’il ne convenait plus pour Tocqueville de défendre la démocratie, ni de comprendre en quoi cette idéal devait être accepté; mais d’analyser aussi et surtout les débordements et vices propres à une idée qui revêt tant d’importance, tant d’influence sur les idées, les sentiments et moeurs de l’homme démocratique.
C’est l’objet même de la quatrième partie du deuxième tome de cet ouvrage, intitulée