toqueville
Cours commun : Pr. Jean-Michel BESNIER
Les pages qui suivent sont destinées à compenser les séances des 7 et 10 mars 2006 qui n’ont pu avoir lieu. Ces séances devraient être suivies par deux cours sur Nietzsche.
Tocqueville et Nietzsche sont convoqués dans la réflexion proposée par le cours commun (J-M. Besnier, A. Boyer et A. Renaut) sur la raison pratique dans la mesure où ils occupent une place de choix dans la mise en question de la subjectivité et de la volonté et, par conséquent dans celle du point de vue moral. On examine ci-dessous le statut de l’individualisme tel que Tocqueville est conduit à le décrire et, au-delà, la manière dont les idéaux démocratiques se trouvent problématisés. Peut-être sera-t-il permis, par la suite, d’aborder le thème tocquevillien de l’avenir, sachant qu’il est décisif de savoir si l’homo democraticus peut se dispenser d’associer morale et sens du projet. Par la suite, on examinera le rapport de Nietzsche aux valeurs et on focalisera l’attention également sur sa prise en charge du thème de l’avenir.
Tocqueville et les dangers de l'individualisme
Ceci doit être clairement énoncé, faute de quoi l'essentiel de la philosophie tocquevillienne risque d'échapper : I'individualisme n'est pas une force mais au contraire une faiblesse. Contrairement à ce que croient souvent les actuels thuriféraires du libéralisme, opposer l'individu à l'État — quelque forme que l'opposition revête (privé/public, liberté d'entreprendre/bureaucratie, etc.) — n'est pas une solution et témoigne même d'un certain aveuglement. S'il est une leçon claire dans De la Démocratie en Amérique, elle concerne le destin prévisible de l'individu livré à lui-même et cette leçon conserve assurément toute sa portée aujourd'hui.
En décrivant la situation propre aux siècles démocratiques, Tocqueville ne peut s'empêcher d'avouer sa crainte devant l'absence de points de repère, la disparition des règles pré-tracées que