Tous les matins du monde
I] La musique post-mortem
La mort incite les artistes à la création musicale. Les décès, des femmes en particuliers, sont source d'inspiration. Ainsi Sainte Colombe, suite à la mort de sa femme, « s'exerça jusqu'à quinze heures par jour » (p. 12). Suite au suicide de Madeleine, c'est Marin Marais qui connait un déclic : alors grand courtisan du roy, il se met à craindre la perte du répertoire de M. de Sainte Colombe et s'en va rejoindre la petite cabane au bord de la Bièvre, la nuit (p. 108). Ce déclic tend à être une renaissance : il délaisse dès lors la musique de cour pour la musique véritable. Ainsi voit-on l'effet de la mort sur la musique, son influence. Mieux, la mort semble être une nécessité pour l'éclosion de l'artiste. Elle le transcende. D'ailleurs, les morceaux composés suite à ces décès sont en quelque sorte un hommage post-mortem : Les Pleurs, Les Enfers, L'Ombre d'Enée, La Barque de Charon.
III] La musique : le souvenir d'une voix perdue
Pascal Quignard assure que la musique est le berceau d' « une présence fantomatique ». Quelle présence donc ? Dans La leçon de musique, Quignard met l'accent sur la mue, et cette séparation entre la voix d'enfant et celle d'adulte. C'est une fracture entre la voix pure de l'enfance, celle de la