Tous les matins du monde.
- - Le titre :
« Tous les matins du monde » constitue la première partie d’un aphorisme, placée au début du chapitre 26 : « Tous les matins du monde sont sans retour ». Cette phrase est une sorte de leitmotiv de l’œuvre de Quignard, puisqu’on la retrouve dans Les petits traités et dans La Barque silencieuse.
Elle traduit une réflexion sur le temps qui passe et ne revient pas.
Le matin est d’ordinaire associé au renouveau. Ici, une nouvelle journée marque une nouvelle étape de la marche inéluctable du temps, qui conduit à la vieillesse et à la mort.
C’est un rappel de la condition humaine, touchée par le temps, vouée à la disparition. Ce titre rappelle également un motif de la peinture baroque : les vanités (symbolisant à travers certains objets, les plaisirs et gloires de l’homme, voués à disparaître) : « Ce sont tous les plaisirs du monde qui se retirent en nous disant adieu ». (ce que dit Saint Colombe devant une vanité de son ami Baugin).
- Un titre qui installe tension entre matin et soir
Au début du premier chapitre, la phrase « Au printemps de 1650, Madame de Sainte Colombe mourut » allie en oxymore le matin d’une année et le soir d’une vie.
Puis le crépuscule et la nuit semblent envahir le récit : - Sainte Colombe tout vêtu de noir - Nuit au cours de laquelle il apprend la mort de son épouse - Nuits ou Marin Marais vient écouter sous la cabane Sainte Colombe
Le film est aussi marqué par l’obscurité :
Beaucoup de scène se déroulent la nuit, ou à la lueur d’une bougie, ce qui laisse place à de grandes zones d’ombres à l’écran. Ex : le prologue montre Marin Marais hanté par le côté ténébreux de son maître et sombre progressivement dans l’ombre (il ferme les volets).
- Un subtil renversement :
Si tous les matins du monde ont bien été sans retour,