Tout les matins du monde
Le théâtre de Beckett, écrit âpres la Seconde Guerre mondiale et le traumatisme de la Shoah, questionne sérieusement les valeurs de I’ humanisme, nées a la Renaissance et qui célèbrent une vision positive du monde et un espoir en la capacité de I’ homme à le comprendre et a avancer harmonieusement vers la connaissance. Or, les valeurs de I’ humanisme n'ont pas réussi à empêcher la Shoah. C'est pour cette raison que les écrivains d' âpres 1945 en critiquent fortement l’héritage et offrent une représentation de I’ humanité totalement différente. Nous nous demanderons quelle vision l’humanité Beckett nous propose-t-il dans Fin de partie 1ère partie : une humanité mutilée et souffrante. 2ème partie : une humanité en voie de disparition.
Les personnages de Fin de partie sont pour trois d'entre eux incapables de se mouvoir. Hamm est dépendant de Clov pour déplacer son fauteuil. Nagg et Nell, enfermes dans des poubelles, sont prives de leurs jambes depuis un accident de tandem survenu dans les Ardennes. Ils ne parviennent même plus a se pencher l'un vers l'autre pour s'embrasser. Seul Clov tient encore deb out, non parce qu'il est vaillant, mais parce qu'il ne peut plus s'asseoir.
Non seulement les personnages sont presque tous contraints a l’immobilité, mais leurs sens sont également en souffrance. Hamm est aveugle, Nagg devient sourd. Les personnages sont obsédés par la perte de leurs sens et se demandent à plusieurs reprises des nouvelles de leurs yeux, de leurs jambes, de leurs oreilles, lesquels déclinent dans le temps même de la pièce. Clov, lui aussi, a en croire la prophétie de Hamm, est a terme condamne à devenir aveugle et a ne plus pouvoir se lever. C'est donc une humanité mutilée et souffrante que nous peint Beckett dans Fin de partie. II est question des moignons et des pleurs de Nagg, mais aussi de la douleur physique de Clov, qui peine à se déplacer. A travers ces quatre