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Fratrie n’est pas toujours synonyme de solidarité, elle peut aussi signifier rivalité. De nombreux contes mettent en scène les oppositions de frères ou de sœurs, les différenciant parfois par l’astuce d’un remariage du père : Cendrillon doit ainsi supporter deux demi-sœurs, la Belle est aussi affligée de deux sœurs qui la méprisent. La rivalité s’exprime par l’entremise de la marâtre qui place les personnages sur un pied d’inégalité. Mais c’est bien la relation privilégiée avec les parents et l’amour du père qui sont en jeu. Conséquence pratique : c’est également la fortune familiale et ses bienfaits qui sont ainsi disputés. Cendrillon est spoliée de sa place naturelle comme des bienfaits que ses sœurs accaparent. Si la rivalité des frères n’est pas indiquée dans Le Chat botté, il est clair que le futur marquis de Carabas est le cadet sans héritage apparent, expressément qualifié d’" inconsolable " par Perrault. Le partage inéquitable dont il est victime ne sera cependant que le point de départ du conte, et non son sujet. A l’instar des contes précédents, il décrit une " revanche des oubliés " qui, partis de plus bas, sont seuls à arriver au mariage princier.
Cette rivalité peut sembler bien sommaire et de peu de conséquences, l’héroïne, telle Cendrillon, franchissant les obstacles et pardonnant. Elle peut cependant prendre un tour bien plus sanglant, ainsi dans les contes du type de L’Oiseau de feu russe, représenté chez Grimm par L’Oiseau d’or ou L’Eau de jouvence. Mettant en scène trois frères, ils décrivent l’incompétence des aînés et la merveilleuse destinée du benjamin, peu considéré et négligé, mais, en fait, seul apte à succéder au roi. L’hostilité entre les frères, limitée au départ à la médisance, tourne au meurtre lorsque le cadet commet l’imprudence de remplir sa mission et de faire confiance à ses frères. Il s’agit clairement de la question de la succession du roi. Ce n’est que par l’intervention d’agents tutélaires