Trambala
Christophe PREMAT (SPIRIT, IEP Bordeaux, Université de Bordeaux)
Il s’agit d’envisager la manière dont la sociologie s’est emparée du thème de l’homosexualité en retraçant l’histoire des hostilités à son égard. La sociologie béhavioriste a tenté de cerner l’évolution des comportements vis-à-vis de l’homosexualité, mettant en relief une libéralisation des mœurs et en même temps des réticences récurrentes vis-à-vis de l’homosexualité. Les premières enquêtes menées sur les attitudes de l’opinion publique vis-à-vis de l’homosexualité remontent à 1965 lorsqu’un sondage Harris a été proposé aux Etats-Unis .
Selon le postulat post-matérialiste, la tolérance envers l’homosexualité serait l’un des indicateurs de la transformation des valeurs et de la recherche d’une autonomie individuelle et d’une reconnaissance de la diversité des comportements sexuels. En confrontant des résultats empiriques tirés de sondages aléatoires World Values Surveys (données statistiques tirées de quatre vagues d’enquêtes depuis le début des années 1980) aux analyses d’Inglehart sur la transition post-matérialiste des sociétés industrielles, nous mettrons en évidence la manière dont l’homophobie a évolué ces vingt dernières années.
Nous choisirons quatre pays européens emblématiques de la diversité de cette transition, l’Allemagne, la Pologne, la France et l’Espagne afin de comprendre les ambivalences des attitudes des personnes interrogées vis-à-vis de l’homosexualité. Le contexte institutionnel de ces sociétés et en particulier le rapport à la tradition religieuse sont décisifs dans l’évolution des attitudes vis-à-vis des pratiques homosexuelles. Une approche transculturelle des attitudes envers l’homosexualité (cross-cultural studies) reste primordiale pour comprendre l’intégration de l’objet homosexuel par les sciences sociales où il devient un indicateur certain du degré d’autonomie des sociétés