Transcendance archaïque et transcendance messianique chez René Girard
Jean-Pierre Castel jean-pierre.castel@mines.org La pensée de René Girard s'articule en 3 théories successives : à la base : la théorie du désir mimétique NOTEREF _Ref261970233 \h \* MERGEFORMAT , au centre, une théorie du sacrifice : la théorie du bouc émissaire NOTEREF _Ref261970233 \h \* MERGEFORMAT , en superstructure : une théorie du christianisme.
Théorie du bouc émissaire
Chaque individu étant mu par le désir mimétique, tout groupe humain est menacé d'autodestruction par la violence mimétique, dans un combat de "tous contre tous".
Le mécanisme victimaire
La désignation d'un bouc émissaire permet de focaliser cette violence, de transformer le "tous contre tous" en un "tous contre un". Le meurtre du bouc émissaire extériorise la violence, soude le groupe et lui permet de retrouver la paix.
Pour un observateur extérieur, par exemple un anthropologue, le choix du bouc émissaire est arbitraire NOTEREF _Ref261970233 \h \* MERGEFORMAT . Les meurtriers sont en revanche unanimement convaincus de la culpabilité de la victime. Cette autoillusion, cette "méconnaissance" comme la dénomme René Girard, est la condition même d'une extériorisation efficace de la violence.
Le sacrifice est le rituel de répétition de ce meurtre fondateur. Ayant pour fonction d'expulser la violence toujours renaissante, il est le mécanisme régulateur de la violence du groupe, dont il assure la pérennité, et lui permet de se constituer en société NOTEREF _Ref261970233 \h \* MERGEFORMAT . La victime sacrificielle, qui prend la place du bouc émissaire originel, représente la première production symbolique, amorce de tout processus de civilisation.
La naissance des dieux
Constatant l'ambivalence de la victime, capable en effet de déclencher tant la violence que la paix, le groupe est conduit à la sublimer, à l'élever au rang de divinité NOTEREF _Ref261970233 \h \* MERGEFORMAT .
René Girard ne le