Dans ce raisonnement, il ne s’agira pas de définir la nature du théâtre mais seulement d’en éclaircir les contours afin de mieux cerner sa fonction s’il en a vraiment une et également de se demander ce que le spectateur vient voir s’il attend quelque chose d’une pièce de théâtre. Pour commencer, nous pouvons nous dire que l’action d’une pièce de théâtre doit se faire en fonction des ambitions des auteurs à faire passer des messages ou à divertir leur public. Par conséquent, on pourrait être tenté d’associer l’action d’une pièce au divertissement susceptible d’en découdre et par opposition, au dialogue et plus objectivement à la parole associer la réflexion et la prise de conscience pouvant en naître. Cependant, dans une pièce de théâtre, l’abondance d’action ne se veut pas nécessairement signe d’un théâtre « superficiel » où le divertissement prime sur la réflexion. En effet, même si pendant une longue période, le théâtre s’est caractérisé par de longues démonstrations rhétoriques et une richesse lexicale, celui-ci s’est vu beaucoup évoluer au fil du temps et a changé avec lui la façon qu’il a de se jouer. Et aujourd’hui, dans le théâtre, l’action joue un rôle aussi important que la parole et peut parfois primer sur celle-ci en termes de contenu dans une pièce. Car l’action, au-delà de sa capacité au divertissement ou plus banalement au rire, sait aussi jouer avec les émotions. D’une part en les concrétisant, car elle permet de contextualiser une scène et de placer un décor à l’insu du spectateur pour optimiser la correspondance entre la volonté de rendu de l’auteur et la pièce jouée sur scène. D’autre part car un simple geste ou une simple expression sur le visage d’un acteur saura parfois mieux traduire et transmettre une émotion qu’un mot. Au-delà de la parole, le théâtre, en étant interprété personnellement par un acteur, tout en restant, bien sur, dans un cadre et en respectant les caractéristiques de la pièce, sait jouer sur la subjectivité et