Bien des années plus tôt, les parents de ma grand-mère avaient demandé que l’assistance publique leur confiât un orphelin pour les aider dans les travaux de la ferme. On leur envoya André Dufourneau. Je me plais à croire qu’il arriva un soir d’octobre ou de décembre, trempé de pluie ou les oreilles rougies par le gel vifs. Tous les habitants le décrivaient comme un brave homme, serviable et très courtois. C’était un homme assez fort mais surtout très grand. Il effectuait toujours les mêmes tâches : ranger le foin dans la grange pour les bêtes, nettoyer la cage aux lapins, s’occuper des chevaux, etc. Mais il aimait en particulier accompagner ma grand-mère à l’école du village. Elle me disait toujours que c’était le seul moment de la journée où André avait de la compagnie et du repos. Il était apprécié et accepté par les habitants du village par son acte héroïque que ma grand-mère m’a raconté tout en détail.
Un soir d’hiver, à la tombée de la nuit, André se rendit à la grange pour finaliser de ranger le foin pour les chèvres. Quand tout à coup il entendit un cri venant du lavoir de la rivière qui était derrière la maison. Il accourut vite et ne vit que le linge mouillé et un panier.
Puis un deuxième cri retentit, il comprit vite alors que Louise, l’employée de mes arrière-parents, était tombée dans la rivière et que le courant lui laissait très peu de chance d’échapper à la noyade. Il s’écria :
« Louise ! Louise ! »
Il se dirigea vers le ponton de pêche pour la secourir et la vit arriver en train de lutter contre le courant. Elle combattait afin de remonter à la surface. André tendit sa main pour attraper Louise et cria : « attrape ma main » mais ce fut un échec. Il courut alors, vers le peuplier qui était tombé et qui joignait les deux rives. Il grimpa sur le tronc et attrapa de justesse la main de Louise.
Il la remonta et la serra fort dans ses bras. Arrivée sur la rive, Louise était transit de froid par cette eau glaciale, son corps tremblait et son