Un barrage contre le Pacifique, Marguerite Duras

La mère, dont on ne saura jamais le nom, est une vieille femme usée et malade. Elle vit dans sa concession (pouvant être défini comme le lieu qui la nuira jusqu’à sa fin) de la plaine de Ram en Indochine avec ses deux enfants : Joseph, vingt ans et Suzanne, dix-sept ans, qu'elle voit grandir et dont elle sait le départ inéluctable. Cette concession est le drame de sa vie. Elle y a investi ses économies de quinze années de sacrifices pour que l’administration coloniale lui vende une zone incultivable étant inondée à chaque marée de juillet. La mère a transmis son désir de se battre à quelques indigènes afin de construire d’immenses barrages qui ont cédé immédiatement devant les marées. Ce combat, d’avance perdu, contre la misère et l’administration du cadastre pour lequel elle lutte tout au long de sa vie, fait la grandeur du personnage et lui donne une dimension tragique. La mère, pervertie par l’argent, cherche à marier sa fille avec un riche héritier pour pouvoir profiter de sa fortune et ainsi, payer ses intérêts de prêts en retard. Mais l’amour et l’attachement que porte la mère à ses enfants sont indescriptibles. Cette femme, désespérée, lassée, est décrite sous différents angles : une mère exemplaire, pour l’acharnement d’un combat durant tout une vie, une mère violemment aimante, prête à tout pour ses enfants, une mère obsédée par l’argent, étant endettée à ne plus savoir comment rembourser ses frais et une héroïne mythique, qui se sera battue jusqu’à sa mort. Mais, le départ de Joseph détruit l’ambition de la mère. L’objet de notre étude consiste à montrer comment l’auteur dramatise t’il la situation de la mère. Pour ce faire, dans un premier temps, nous montrerons comment Marguerite Duras donne un air dépressif à la mère puis, dans un second temps, la dimension à la fois tragique et pathétique de ce passage.

Pour l’illustrer et la définir, j’ai donc choisi une photo et quatre passages du